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Les coûts réels du trading

Les coûts réels du trading ne sont pas anodins: ils peuvent faire la différence entre être rentable ou non même si vous sortez en plus value …

Le problème du mode démo

Quand on commence à trader ou spéculer en Bourse, on a tendance à utilise le mode démo.

Pas de problème à cela tant qu’il s’agit de s’habituer à sa plateforme de trading et à passer des ordres.
Mais je pense qu’il faut très vite en sortir dès que ces éléments de base sont maîtrisés.
Le problème est double:

  • d’une part on ne joue pas réellement avec son argent et donc on n’est pas confronté à ses émotions.
  • d’autre part, sur les principales plateformes, il n’y a pas de frais et la désillusion est là quand on a pris l’habitude de gagner même très légèrement en démo pour finalement se retrouver en perte en réel.

Mais justement ces frais, quels sont-ils ?

Les coûts réels de trading immédiats

Le spread

Le plus universel des frais mais pas forcément le mieux appréhendé est le spread.
Il s’agit de la différence entre le coût d’achat au marché et celui de vente au marché.

Pourquoi il ne s’agit pas du même prix ? Et bien parce que l’offre de la loi et de la demande fait qu’il y a un perpétuel numéro d’équilibriste entre les acheteurs et les vendeurs jusqu’à l’obtention d’un consensus.
Si ce n’est pas clair pour vous, le mieux est de regarder ma vidéo sur l’explication imagée du carnet d’ordres.

Votre courtier peut également rajouter des frais et ainsi augmenter légèrement le spread naturel que l’on peut trouver sur un marché.
Cela peut vous paraître indolore mais le courtier vit de ce petit ajout au spread.
C’est que l’effet cumulé de ces petites « ponctions » atteint rapidement des valeurs conséquentes …

 

Les commissions d’entrée/sorties (+ Frais si achat à l’étranger)

En plus du spread, votre courtier peut vous facturer des frais de passage d’ordre.
En général c’est l’un ou l’autre, mais il on peut trouver les deux cumulés !
Il convient donc de faire particulièrement attention aux frais selon la nature de l’actif que vous souhaitez trader chez votre courtier.
Ainsi sur Interactive Broker, le coût de passage d’ordre d’une action est de 4.95 € si votre ordre fait moins de 5000 €.

Ce coût est à prévoir aussi à la sortie du trade. On a donc presque 10 € de commisison.
Autant dire qu’à ce prix, il n’est pas pertinent de viser des gains de 20 € !
On préfèrera donc des brokers (ie courtiers) à des frais plus faibles: Boursorama propose des frais de transaction à 1.99 € si votre ordre fait moins de 500 €. C’est sans doute plus intéressant pour débuter !

Il faut aussi penser aux frais supplémentaires que certains pays imposent.
Vous n’imaginerez jamais lequel arrive en tête … Eh oui, la France ! Quand vous achetez une action fortement capitalisée (liste dynamique ici), vous payez en plus une Taxe sur les Transaction Financière) de 0.30% du montant de votre achat.
Et n’espèrez pas vous en sortir en vendant l’action à découvert: la TTF sera perçue au moment du rachat !

 

Le maintien overnight (CFD)

Quand vous detenez une position sur le forex ou sur CFD, selon le levier que vous utilisez, le courtier peut vous faire payer des intérêts liés à l’emprunt pour tenir la position durant la nuit ou le week-end.
Phénomène amusant, dans le cas d’une vente à découvert, vous touchez ces intérêts qui vous sont versés par le courtier.

Le taux d’intérêt est basé sur celui du Libor, le taux de rédérence du marché monétaire des différentes devises.

Pour les contrats futures, il n’y a pas ce genre de frais mais en général, le spread est plus élevé …

Le SRD: Taux d’intérêts, Frais de prorogation

Lorsque vous vendez à découvert ou bien achetez avec levier, votre courtier vous « prête » de l’argent ou bien des actions.
Dans les deux cas, il vous faut payer les intérêts.
Cela passe par le Service à Réglement Différé, le SRD pour les intimes …
Il s’agit concrètement d’un taux fixe appliqué par jour calendaire sur le montant de votre transaction.
Si par exemple le taux est de 0.0233% par jour (c’est de cet ordre là). Supposons que vous avez acheté pour 1000 € de titres en SRD. Le débouclage de la position 10 jours plus tard vous coutera: 1000 x 0.0233% x 10 = 2,33 € + la TVA (je l’avais oubliée celle là) à 20.6 % soit 2,81 €
Attention également aux frais supplémentaires de prorogation qui vont vous tomber dessus si vous ne débouclez pas vos positions avant la fin du mois. Il s’agit de frais pour prolonger votre « emprunts » d’un mois sur l’autre.

Chez Boursorama, ces frais se montent à 0,3588% à ce jour … avec un minimum à payer de 11,95 €.  Autant dire que ça peut valoir le coup de clôturer ses positions avant la date fatidique, c’est-à-dire le dernier jour de négociation du mois …


Les dividendes des positions courtes sur en CFD

Celle là c’est ma préférée ! Elle est logique puisqu’on vend une action qu’on n’a pas … mais la première fois que ça vous arrive, ça fait drôle.
Voyons de quoi il s’agit:

Quand on vend à découvert une action qui verse un dividende durant le trade, le trader est tenu de payer l’équivalent du dividende.
En fait il sera prélevé sur son compte de trading.

Le truc marrant c’est que si on achète une action qui verse un dividende, on ne touchera pas l’intégralité de ce dividende …

C’est beau la symétrie 🙂

 

Les coûts réels de trading différes

L’abonnement aux flux de données

La plupart des courtiers vous feront payer l’abonnement d’accès aux flux de données de bourse.
En général, ils vous accorderont une remise si vous tradez suffisamment au cours d’un mois ce qui fait que vous aurez l’impression de ne rien payer.
Rien n’est plus faux: n’oubliez pas que le courtier se rémunère essentiellement sur vos transactions: plus vous en passez et plus il lui est facile de vous faire une fleur en réduisant votre abonnement !

De même si vous laissez votre compte sans activité trop longtemps, il est possible que vous vous voyez facturer des frais d’inactivité.

Enfin certains brokers peuvent vous prendre des frais si vous êtes sous capitalisés.

 

Impôts sur les revenus (Flat Tax / Tx d’imposition réel)

Dividendes

Parmi les taxes, il y en a une particulièrement présente. C’est la Contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS).
Quand vous touchez un dividende, vous êtes prélevé de ces taxes.
A ce jour on a le choix entre le Prélèvement forfaitaire Unique (PFU ou « Flat Tax ») ou bien la déclaration sur ses revenus.

  • Dans le premier cas, il s’agit d’une taxe forfaitaire de 30% (12,8% Impôts sur le revenus + 17,2 % de prélèvement sociaux).
  • Dans l’autre cas, vous êtes imposés au taux de votre taux d’imposition. Attention les revenus des dividendes n’offrent pas le droit d’abattement de 40%.

Il faut donc choisir correctement son option d’imposition.

Plus values

Bien sûr quand vous faites une année en plus value, vous êtes imposé dessus à hauteur de votre taux d’imposition.
Ou plutôt vous le serez lors de votre premier avis d’imposition l’année qui suit votre exploit.
Attention donc à ne pas « dépenser » ou plus simplement reperdre vos gains car il vous faudra payer vos impôts quoiqu’il arrive.
Pour ma part, j’ai l’habitude de mettre la moitié de ce que j’ai gagné de côté, au chaud, pour éviter toute mauvaise surprise. Rassurez-vous, en général, notre état glouton en prend moins …

Pour finir, une bonne nouvelle, si je puis dire :-), vous pouvez déduire vos moins values des années précédentes pour limiter vos impôts l’année où vous devenez enfin rentable !
Elle n’est pas belle la vie ?! 🙂

 

Plomberie et trading

Limiter les dégâts des coûts réels sur votre trading

Les frais liés au trade lui-même ont un impact visible immédiatement et peuvent nous faire prendre conscience de la difficulté du trading:

La sous-capitalisation

Quand votre action a fait 5% de hausse, vous ne récupérez en fait beaucoup moins.
Et plus votre capital est faible, moins vous en récupérez car il y a toujours un coût minimum (comme les fameux 2×4.95 € soit près de 10 € à chaque aller-retour sur IB).
La première chose à faire est donc de se capitaliser suffisamment pour trader.
Pour ma part, j’estime qu’il ne faut pas espérer être rentable rapidement en commençant avec moins de 10 000 €.

Si vous appliquez un plan de trading sérieux, le peu que vous allez gagner va être littéralement aspiré par les frais.
Evidemment vous pouvez faire comme certaines têtes brûlées qui tradent sans filet et espérez devenir riche.
Le problème est que la plupart de ces traders prennent l’habitude d’avoir un mauvais money management et finissent par crâmer leur compte.

Comment en suis-je sûr ? C’est très simple: allez sur les forums et notez tous ceux qui se vantent d’avoir gagner plusieurs milliers d’euros en partant de 500 €.
Puis essayez de retrouver leur trace quelques temps plus tard. Tiens, c’est bizarre, ils ne se vantent plus , ils ont disparus …

Choisir le bon style de trading

Dans la mesure où on a vu que les frais pouvaient ruiner nos efforts, il semble opportun d’éviter les aller-retours trop nombreux.
Les débutants auront donc tout intérêt à préférer le Swing Trading au Scalping, surtout avec un petit capital.
Concrètement en Swing Trading, vous conservez vos positions quelques jours à quelques semaines.
Pour le scalping, vous faites plusieurs aller-retours dans la journée.
Vous voyez où je veux en venir ?

  • En faisant quelques aller-retours par mois vous allez avoir des frais raisonnables.
  • En faisant quelques aller-retours par jour, vous allez exploser vos frais.

Incidemment, quand on débute, on gagne souvent autant si ce n’est plus en Swing Trading qu’en Scalping (justement à cause des coûts réels liés aux frais).
On a donc tout intérêt à en faire moins pour le même résultat …

Spécialisez-vous

Il y a beaucoup de titres à trader. Tellement en fait que vous risquez de ne plus savoir où donner de la tête.
Essayez donc de vous spécialiser sur un seul type d’actifs: Forex, Indices, Actions.
Et au début ne tradez qu’un seul actif: pour ma part, j’ai commencé avec l’AUDUSD que je trouve facile.
Mais peut-être qu’il ne vous conviendra pas, c’est-à-vous de trouvez ce qui est le mieux pour vous.
En agissant ainsi vous limiterez les frais d’abonnement aux flux de données et vous aurez tout le temps le même type de frais, sans mauvaises surprises donc …

L’investissement long terme

Quand on investit sur le long terme, on garde les positions très longtemps et on réduit les risques.
La notion de pas vendu = pas de plus value et donc pas d’impôts prend alors tout son sens.
C’est d’autant plus vrai qu’il y a un dégrèvement d’impôts quand on détient un titre plus d’un certain temps.
Vous aurez ainsi droits à 50% d’abattement si les titres sont détenus depuis au moins 2 ans et 65% si vous les avez depuis plus de 8 ans.
Evidemment, il ne s’agit plus vraiment de trading, mais c’est une stratégie de fond que vous devez avoir dans votre protefeuille

Choisir le bon support

La France est connue pour être le pays qui taxe le plus mais elle offre encore quelques avantages.
Le PEA, plan d’Epargne en Action, est un de ceux-là.
Il s’agit d’un compte titre spécial qui permet de ne pas payer d’impôts tant que l’argent est dessus.
Vous pouvez donc faire autant d’aller-retour que vous souhaitez, faire plein de plus-value (heureux trader que vous êtes 🙂 ) sans avoir à payer d’impôts dessus.
L’imposition se fait uniquement sous forme de prélèvement sociaux (CSG-CRDS te revoilà 🙂 ) au moment de sortir l’argent du PEA.

Avec une limite à 150 000 € d’apport, c’est un bon moyen de faire croître son capital.
Seule ombre au tableau, il faut acheter des titres éligibles:

  • Actions française ou ayant leur siège en Europe (et y payant des impôt 🙂
  • Parts de placements (ETF, Fonds, Sicav) investis à au moins 75% dans les titres de sociétés éligibles.

Choisir les bons titres

Eviter les actions éligibles à la TTF

C’est toujours autant de frais évités qui pénaliseront pas votre performance …

Actualisez vos pertes en fin d’année

Quand vous avez une année avec une belle plus value, il peut être intéressant en fin d’année de déboucler une position long terme d’investissement ponctuellement perdante avant de la racheter.
En agissant ainsi, on actualise une perte qui vient compenser les gains de l’année et donc les impôts.

Evidemment on subit les coûts des frais de trading d’achats/revente mais cela peut valoir le coup d’étudier l’intérêt de l’opération à rendre réels ses échecs latents.

Suivre vos résultats de manière rationnelle

Enfin pour conclure, je ne saurais trop vous conseiller de noter vos résultats réels dans votre journal de trading et d’y inclure les coûts.
Si sur votre graphique, vous aviez raison mais qu’au final vous avez perdu de l’argent, notez votre trade comme perdant.

Je vous conseille également et très vivement de lire mon article sur les statistiques.
Il va vous aider à calculer votre espérance de gain sur le long terme et ainsi vous donner un précieux renseignement sur vos chances de succès dans votre nouvelle carrière de trader …

 

Et vous comment appréhendez-vous les frais dans vos résultats: vous êtes libre de nous en faire part en laissant un commentaire plus bas …

Crédit photo Stocklib / pattanaphong khaunkaew
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