In Technique

L’art de la guerre en trading

Il est commun d’utiliser la représentation en bougies japonaises du prix. Une telle bougie représente l’évolution du prix sur une durée de temps (Minutes, Heures, Jours, …) ou de transactions (Ticks) et se caractérise par 4 éléments:

  • une valeur d’ouverture.
  • une valeur de clôture: ce que vaut le prix en fin de la période.
  • la valeur maximale de la période.
  • la valeur minimale de la période.

Si le bougie clôture au-dessus de sa valeur d’ouverture, elle est haussière (la convention représente son corps en vert); sinon elle est baissière (représentation conventionnelle du corps en rouge). Les valeurs entre les sommets de la bouigie et ses extrémités sont appelées des mèches ou des ombres.

La bougie japonaise classique prise toute seule

On a souvent l’habitude d’étudier les bougies les unes par rapport aux autres. Mais on trouve moins d’information sur ce que signifie réellement une bougie. Pour comprendre de quoi je veux parler, il faut observer le traçage d’une bougie en cours de période: sa configuration peut considérablement changer: une bougie complètement verte peut devenir rouge avec une mèche haute importante: elle caractérise alors un âpre combat entre les acheteurs et les vendeurs, le consensus du prix se fixant sur la valeur de clôture, quand la bougie s’est complètement formé. Tout l’objet de cet article est de mettre en relief l’art de la guerre dans le trading.

Regardons l’exemple suivant sur l’EURUSD: une bougie horaire et sa décomposition en bougies 5 minutes à côté: on voit le prix monter puis redescendre pour finalement remonter un peu. La bougie horaire en elle-même est une bonne représentation du combat plus visible en bougies 5 minutes.

Une valeur particulièrement intéressante est la valeur moyenne du corps de la bougie: elle représente la zone d’équilibre de la période entre les acheteurs et les vendeurs. Je l’appelle la ligne de front. Le fait de voir varier cette valeur d’équilibre d’une bougie à une autre va nous renseigner sur la tendance du prix dans l’unité de temps qui nous intéresse.

Ainsi si la moyenne des corps des bougies horaires monte, on pourra en déduire que l’impulsion horaire est actuellement haussière.

La représentation Heikin Ashi

La représentation Heikin Ashi (aucun rapport avec une marque de bière bien connue 🙂 ) met tout particulièrement en relief cette réflexion. Les éléments de cette bougie se calculent comme suit:

  • la valeur d’ouverture correspond à la moitié du corps de la bougie précédente.
  • la valeur de clôture correspond à la moyenne des 4 valeurs de la bougie classique en cours (Ouverture+Clôture+Plus haut+Plus bas)/divisé par 4. Elle ne coïncide donc pas forcément avec la valeur de clôture du prix.
  • la valeur minimale: correspond au plus petit nombre entre la valeur minimale de la bougie classique, l’ouverture et la clôture de la bougie Heikin.
  • la valeur maximale: correspond au plus grand nombre entre la valeur maximale de la bougie classique, l’ouverture et la clôture de la bougie Heikin.

Ainsi, une série de bougies vertes sans mèche basse va indiquer un momentum haussier. Plus le corps de la bougie sera grande, plus ce momentum sera élevé.
Le momentum se calmera quand les bougies auront un corps plus petit et le point d’inflexion se verra quand les mèches basses apparaîtront: à partir de ce moment là, soit le prix continue sur sa lancée avec de nouvelles bougies sans mèche basse, soit le prix stagne avec une série de bougies à petit corps (rouges ou vertes), soit le prix repart vers le bas et les bougies deviennent rouges sans mèche haute.

Regardez plutôt l’exemple ci-après:

On voit tout de suite l’intérêt d’une représentation en mode « champ de bataille » avec l’évolution de la guerre de position entre acheteurs et vendeurs au cours du temps. On sait tout de suite si les vendeurs ou bien les acheteurs sont à l’offensive et de manière bien plus claire que le graphique classique. Voyez plutôt la différence ci-après entre le graphique Heikin Ashi à gauche et le graphique classique à droite sur la même unité de temps.

Le momentum haussier correspondant à la flèche verte est bien plus facile à lire à gauche qu’à droite.

Il reste bien sûr des inconvénients:

  • Le prix ne correspond pas à la clôture de la bougie: voici un exemple d’une bougie Heikin Ashi en cours de formation. La ligne bleue correspond au prix: on voit bien qu’il y a un décalage avec le bas de la bougie rouge.

    Personnellement je rajoute cette ligne de prix sur mes graphique Heikin (L’indicateur dans ProRealTime s’appelle Dynamic value horiz line).
  • Ensuite les gaps sont complètements effacés du graphique: on perd donc de l’information.
  • Enfin si on ne regarde que la couleur des bougies, on va avoir un temps de retard sur un retournement de tendance:

    Ce dernier point devient négligeable si on opte pour un graphique en Ticks (ie en nombre de transactions): un graphique en 300 ticks est indépendant du temps: pour qu’une telle bougie se forme, il faut qu’il y ait 300 micro variations de prix que cela prenne 5 secondes ou 30 minutes: on ne dépend donc plus du temps ce qui peut être intéressant pour connaître une tendance qui serait apparemment flat en l’absence de liquidité. On peut même trouver un équilibre entre un graphique en Tick et en minutes: dans l’exemple ci-après, le graphique 1500 Ticks complète avantageusement le graphique 15 minutes en lui collant à la peau mais en lui apportant une information indéniable sur le momentum.

    Sur le graphique qui suit, j’ai remplacé la représentation du 15 minutes en bougie classique (à droite) par les bougies Heikin Ashi. Pas beaucoup de différence si ce n’est que dans le cadre en bleu en M15 sur la droite, on voit bien que le temps étire une sorte de micro-mouvement haussier qui peut nous donner l’impression que le prix repart à la hausse (série de bougie verte Heikin) alors que sur la gauche on voit bien qu’il s’agit plus d’un mouvement de latéralisation sans direction franche.

    Quoiqu’il en soit, il faut donc bien penser à regarder l’apparition de mèches qui transpercent le « fond » des bougies Heinkin (le bas pour une bougie haussière): cela caractérise en effet un affaiblissement du momentum. puisque le prix a du retraversé la ligne de front moyenne de la bougie précédente …

C’est de cette manière que j’utilise graphique Heikin Ashi: sur des ticks en mode sniper pour savoir quand entrer ou sortir au meilleur moment.

Continuons à présent l’allégorie de la guerre avec les résistances et les supports:

Résistance et supports: les lignes de front du conflit acheteurs/vendeurs

Considérons le graphique suivant sur l’Or en journalier. Chaque ligne rose correspond à un niveau où le prix est venu buter à plusieurs reprises et ce, que ce soit en Mensuel, en Hebdo et bien sûr en Journalier.

Que se passe-t-il au niveau de ces lignes ? eh bien nous avons un consensus temporaire entre les acheteurs et les vendeurs qui fait que le prix semble marquer le pas à cet endroit. Ces niveaux intéressants correspondent à des prix où des acheteurs ont prévu de prendre leur profit/pertes car ils correspondent à des objectifs ou des stop loss.

Maintenant imaginez qu’en lieu et place de ces niveaux nous ayons des tranchées.

En haut de l’écran les vendeurs. En bas les acheteurs. Chacun veut envahir l’autre camp !

L’opération ne se fait pas en seule offensive: il faut y aller étape par étape, tranchées par tranchée, combat par combat.
Il est illusoire de penser que les acheteurs vont atomiser les vendeurs: cela va se passer par phases: d’abord les vendeurs avancent et les acheteurs cèdent du terrain: ils se replient sur la tranchée d’après. Puis une nouvelle offensive commence: le vainqueur peut être le même ou pas.
En trading, on ne gagne jamais une guerre mais toujours une bataille … tant qu’il y a des soldats pour se battre: c’est-a-dire du capital !

Maintenant d’un point de vue purement stratégique: où faut-il mettre son stop ?
Imaginons que je sois acheteur en 1 (Les moyennes mobiles sont haussières, cela n’a donc rien de fou).

  • si je met mon Stop Loss (SL) sur le niveau noir (qui correspond au dernier creux), je prends le risque de me faire éjecter si le rebond n’a pas lieu sur le support des 1304.686 (en jaune) et c’est d’ailleurs ce qu’il se passe.
  • mais si maintenant je place mon SL sur le niveau bleu, soit derrière le support d’après, j’augmente mes chances de ne pas me faire massacrer !

Pourquoi ?

Pensons en terme militaire: les vendeurs sont face au mur des 1304.686 (en jaune) qui est défendu par les acheteurs.
En cas de victoire, ils vont défoncer la ligne de défense des acheteurs ! Imaginez les soldats du clan acheteurs dans cette situation: que vont-ils faire ?
Foncer vers le point de repli suivant afin d’éviter de mourir !
Ils vont donc rejoindre leurs petits camarades derrière le mur des 1280,10 et au passage renforcer cette nouvelle ligne de défense.
Il y a donc une forte probabilité que cette ligne résiste mieux et puisse ensuite lancer une contre-offensive.
Se placer derrière cette ligne est donc un gage accru de sécurité.

Vous vous rappelez de mon article sur les achats/vente de breakout à proscrire ?
C’est le même principe: si une ligne est percée, il va probablement y avoir une contre offensive (c’est d’ailleurs ce type de mouvement que les scalpeurs prennent): il vaut donc mieux attendre qu’elle ait lieu puis voir si l’ennemi est repoussé ou bien s’il revient à la charge pour se positionner.

Dans notre cas, les vendeurs reprennent le dessus et finissent par repousser leur adversaire.

Pourquoi  tout cet article sur l’aspect technique ? Eh bien je dirais qu’à partir du moment où l’on comprend ce que l’on fait, ou en tout cas qu’on applique un modèle qui fait sens pour nous, alors on est plus détendu face à l’incertitude.
On est alors en contrôle et on apprend à gérer l’impondérable. Un point d’évolution capital autant pour notre trading que notre développement personnel …

Et vous, avez-vous également ce genre de modélisation pour vous aider à trader ? Je vous invite à laisser un commentaire ci-dessous pour nous en faire profiter 🙂 …

Crédit Photo Stocklib / Suriya Siritam
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3 Responses to L’art de la guerre en trading

  1. Jean dit :

    Bonjour,
    Je ne comprends pas la différence de stratégie entre les swing traders et les scalpeurs: le scalpeurs vise l’offensive alors que le swing trader attend la fin de la contre-offensive, c’est cela ?

    • Arnaud dit :

      Hello Jean,
      C’est presque cela !

      Les swing traders vont en effet attendre l’offensive (le break out), la contre-offensive (le pull-back) puis la reprise de l’attaque pour se positionner: cela convient donc à un tempérament plutôt patient 🙂 !

      En revanche les scalpeurs, eux, visent le mouvement de contre offensive: s’ils estiment que la ligne de défense (support) est solide, il se positionnent au moment d’une éventuelle percée avec un ordre limite et vise un retour sur le support franchi: ce sont des micro mouvements très rapides mais cela marche bien… à condition d’être devant son écran en permanence et ça, ce n’est pas donné à tout le monde …

      Certains traders eux préfèrent exclusivement profiter de l’offensive (stratégie de Break Out) en négligeant les pull-backs. Statistiquement cela marche à condition de filtrer les titres sur le point d’exploser (les volumes augmentent alors que les prix semblent entrer en congestion). Le taux de réussite dépend alors du filtrage avant l’entrée en position mais aussi de la capacité du trader à savoir sortir au bon moment (Heikin Ashi nous aide également dans ce type de scénario à détecter la fin d’un momentum)… C’est plus une stratégie de traders qui cherchent à faire des coups et cela ne convient pas à tout le monde non plus.

      Bref, il y a des stratégies pour toutes les personnalités ! 🙂

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